Commentaire pour "horizons", le journal du Fonds national suisse et des Académies suisses des sciences, juin 2014.

 

Un grand nombre de nos concitoyens ont exprimé le 9 février leurs doutes face à un monde qui ne cesse de «croître», alors que son enveloppe reste la même. Malheureusement, ce sentiment légitime a été canalisé vers un texte dont la nature est hostile à la construction européenne, sans contribuer réellement à une réflexion saine sur la croissance. Le résultat net de cet exercice est un isolement de la Suisse politique, économique et académique du continent au cœur duquel nous vivons. Les autorités fédérales travaillent pour compenser à l’intérieur de nos frontières les flux financiers qui liaient la Suisse et l’Europe en matière d’éducation et de recherche. Elles luttent également pour que notre pays soit à nouveau associé aux programmes de recherche et afin que nos étudiants puissent participer aux programmes d’échanges européens. Cette lutte est indispensable.

Le monde de l’éducation et de la recherche est dominé par des entités de taille continentale, que ce soit l’Amérique du Nord, la Chine, l’Inde ou l’Australie. Des entités dotées de structures politiques telles qu’un seul ou peut-être deux Etats couvrent la plupart des espaces continentaux. Seule l’Europe est fractionnée en Etats-nations qu’un regard sur la carte du monde politique montre minuscules. Or, le développement – donc aussi le développement scientifique ou artistique – se forge actuellement en premier lieu à l’intérieur d’un Etat. Les organisations de recherche des pays européens sont alors fort petites en regard de celles de nos compétiteurs dans le monde. Seule une réelle intégration des communautés de recherche dans un espace européen cohérent nous permettra de jouer nos cartes à l’échelle mondiale. Cette remarque vaut pour la recherche et l’innovation suisses comme pour le reste du continent. Nous sommes une des nations les plus performantes en matière d’éducation et de recherche. Nous avons donc la responsabilité de participer et de contribuer en première ligne à la construction d’une Europe du savoir au service de tous ses citoyens, y compris les Suisses. La lutte des autorités politiques ici et ailleurs pour que notre pays réintègre les programmes européens de recherche et d’éducation doit être soutenue vigoureusement.